Les 100km de Steenwerck 2012 - Le jeudi 17/05/2012
Récit par Dan
Je fais ce récit à l'attention de mes divers supporteurs, de tous mes amis du JAC et de tous mes amis du forum de Mickael. Bien-sûr je vous remercie tous pour votre soutien et vos encouragements.
Je suis donc parti de Saint Nicolas de Port mercredi-matin à 9h30 puis arrivé à Armentières à l'ouest de Lille vers 14h00 afin de manger un menu Mac-do dans cette ville moyenne qui se situe à une dizaine de kms avant d'arriver à Steenwerck. Auparavant en roulant j'avais manger un croissant, une barquette de pâtes nature à la main (c'est vraiment pas terrible), un yaourt et une compote de pomme. Puis arrivé à Steenwerck vers 14h30, je vais à la salle de sport chercher mon dossard le N°33, étant le 33éme inscrit à cette épreuve début janvier. Je me renseigne sur l'organisation de l'épreuve et je repars à la voiture, maintenant il va falloir patienter jusque 19h00 heure du départ. Je visite un peu les lieux, la ville en y prenant quelques photos, je prépare mon trajet pour ma ballade de vendredi vers Dunkerque, et je bouquine aussi.
18H00, il est temps de se préparer et de s'habiller pour cette folie. Je badigeonne mes pieds et doigts de pieds de pommade anti-frottement, ça fera de l'effet, aucune ampoule ! j'en mets aussi sur les tétons avec des pansements car je saigne des fois de ce côté-là. Je retourne à la salle qui va servir de point de passage, de point de contrôle, de gros point Ravito, de salle de secours et de massage, de consigne et de coin repos,... On va passer cinq fois dedans puisque la course se décompose comme suit : une petite boucle d'environ 4kms à proximité du village et 5 boucles d'environ 19kms dans la campagne. Dans la salle, le speaker nous donne les dernières consignes et nous envoie vers la maison du tourisme où se situe le Km00, il va falloir passer dans cette maison pour déposer obligatoirement un badge avec notre numéro dans une urne et on ressortira de l'autre côté dans un parc et là nous allons être enfermé derrière une belle grille ornée jusqu'au moment du départ, il s'agit là du premier contrôle. Pour ce 100km-Open, on est environ 200 participants et on a 24h00 pour arriver, c'est à dire jusque 19h00 le lendemain(heure de remise des récompenses. Il y a aussi la course de 100km normale avec départ demain à 6h00 et ils ont 13h00 pour arriver, c'est à dire jusque 19h00 aussi.
Premier Tour : Voilà 19h00 approche les grilles s'ouvrent et on avance de quelques mètres dans la rue principale du départ où se trouvent déjà des marcheurs, des coureurs qui ne font qu'une petite boucle de 4kms et d'autres qui ne font que 24kms. Après un dernier discours des élus locaux, le départ est donné, c'est un peu la pagaille, il faut dépasser des marcheurs, des enfants, des gens qui ne sont pas là pour le 100kms, enfin c'est bon enfant et puis on n'est pas ici pour courir vite. Il y a une ligne bleue tout le long du parcours comme dans les grands marathons. Pour ces 24 premiers kms (petite boucle et première grande boucle) je les ferai en mode reporteur avec mon appareil-photo (j'ai fait plus de 500 photos sur cette portion). Tout va bien, on est assez groupé pendant ce premier tour, on discute avec certains, un coureur m'explique qu'il a déjà couru cette épreuve plus d'une vingtaine de fois et qu'à chaque fois il ajoute un écusson de l'épreuve sur son gilet fluo. Il me dit aussi qu'il y a un papy V4 qui est là et qui a fait plus de 300 "100 bornes", un inconscient me dis-je. Après la petite boucle de 4kms, au détour d'un virage un imposant rassemblement d'accompagnateurs en vélo attend, ils attendent leur poulain et se joignent à la course au fûr et à mesure de leur passage, ils ne sont autorisé sur le parcours qu'à partir de cet endroit, moi je suis en solo. Les points de contrôle et les ravitos sont sympa, avec un petit mot à chaque fois de part et d'autre. ils sont au nombre de six, je m'arrête bien-sûr à chaque voir mes photos. Les champs de colza sont bien jaunes, je pense aux allergiques. Il y a quelques bosses quand on passe sur les ponts de l'Eurostar, je trouve même qu'il en passe souvent, ça raisone dans la campagne, j'arriverai même à en photographier un pour Jean Pierre un ami de forum qui m'avait brancher là-dessus. Voilà le premier tour est fini, j'arrive à la salle et j'en suis donc à environ 24kms de parcouru en 2h27. Je prend à manger et à boire et vais m'assoir pour me remplir tranquillement, je laisse mon appareil-photo à la consigne vu que la nuit approche et je néglige de me changer maintenant en me disant que je verrai ça au prochain tour. Je suis resté une douzaine de minutes à cet arrêt.
Deuxième tour : Je repars donc dans la même tenue, ça a son importance, il fait encore un peu jour pendant les 5 ou 6 premiers kms et on assiste à un couché de soleil avec de belles couleurs. Ensuite la nuit tombe peu à peu, ainsi que la température. Vers le km35, je n'y vois plus grand chose et je regrette de n'avoir pas pris ma frontale tout de suite. Puis je commence à avoir froid, je regrette de ne pas m'être changé et à la fin de ce tour je grelotte et j'ai sans doute couru un peu vite ces deux premiers tours, mais ça va. J'arrive de nouveau à la salle avec 42,5kms de parcouru en 4h36, c'est à dire qu'il est 23h36. Pas de bobos, j'ai couru tout le temps, ça va pour l'instant, je prend de nouveau un revito consistant et je vais un peu m'assoir pour manger. Puis je vais au toilettes suite à quelques ennuis gastriques et là pas de chance, il n'y a plus de PQ ??? je fais le tour des toilettes mais c'est occupé partout, je vais dans la salle piquer quelques serviettes afin d'arranger mon cas. Après cette péripétie, je vais à la consigne et je change mes maillots qui sont bien humides car j'ai bien sué sur les deux premiers tours. Merci à Marie du Forum pour ses conseils avisés au sujet des vêtements de rechange qu'il vaut mieux avoir en nombre pour ne pas hésiter à se changer complètement. Maintenant je met mon coupe-vent en plus ainsi que mon gilet fluo-sécurité et j'ajoute ma frontale et une casquette. Je me fais prendre en photo et je repars, il est 00h02, je suis resté 26mn à cet arrêt !!!
Troisième tour : Voilà maintenant il fait nuit noire, il y a de moins en moins de coureurs groupés, on voit une lumière de concurrent au loin par ci, par là, par moment on dépasse, ou on se fait dépasser, j'utilise le pronom "on" au lieu de "je". Je pense que ce troisième tour va être le plus difficile moralement pour moi. maintenant la solitude est bien présente dans cette campagne. Les 6 ou 7 premiers kms passent assez bien, si ce n'est mon nez qui coule avec le froid, moi qui ne court jamais avec de la musique, j'ai pris également mon MP3 à partir de ce tour, comme je connais pas mal de chansons par coeur, ça va me permettre de réviser mon repertoire et ça me changera les idées. Mince au bout d'une dizaine de chansons, voilà que ça ne marche plus, zut, zut, zut. Après ça commence à se gâter, revoilà quelques ennuis gastriques que je vais essayer de soulager dans un champ, heureusement j'ai pris du papier. Avec la nuit avancée, on n'entend plus le passage régulier des Eurostars, dans le ciel de la nuit on voit toutes les étoiles, la grande ourse, etc... Voilà le 50ème, on bascule, il ne reste plus que la même distance à faire, mais je n'ai pas trop le moral. Je repense à mes nombreux amis un par un, j'ai froid aux mains, au nez et aux oreilles, dans les différents ravitos, on nous dit qu'il y a un degré dehors en pleine nature, moi qui avait peur de prendre la pluie, finalement c'est le froid qu'on affronte au mois de mai ici dans le Nord. Je commence à baisser pavillon et je commence à interrompre ma course et à marcher un peu. Je rattrape un concurrent qui n'a plus le moral du tout et qui me dit qu'il va abandonner, je lui dit de tenir bon et qu'on a jusque 19h00 pour arriver, il me répond qu'il en a marre et qu'il a trop froid. Nous discutons encore un peu, ça nous permet d'avancer, voilà la fin de cette boucle, je recours un peu plus régulièrement, mais j'ai de plus en plus froid. Je me pose également des questions sur l'idée d'abandonner, mais en ce moment je cours et j'arrive à la salle un peu soulagé, il est 2h47 du matin et j'ai parcouru environ 62kms, je bois un peu de chaud et je remange un peu. Je vais à nouveau aux consignes j'enfile le polaire Odlo que mes amis du JAC m'ont offert l'an passé et j'ai une petite pensée pour eux, je mets également mes gants et un bonnet polaire sur mes oreilles à la place de la casquette(quelle bonne idée, j'ai eu d'emmener tout ça également pour une course au mois de mai ? ) et je repars pour cette quatrième boucle. Le coureur avec qui j'étais tout à l'heure a finalement abandonné et rendu son dossard dés son arrivée à la salle. dommage pour lui. On nous reconfirme au PC de l'organisation, qu'il fait tout près de zéro degré à ce moment.
Quatrième tour : C'est donc parti pour ce quatrième tour qui va se révéler encore plus dur que le précédent et toujours de plus en plus seul dans la campagne. Vers le 65éme km, ma tendinite à la cheville gauche commence à se réveiller, j'essaie d'alléger ma foulée de ce côté-là et je marche de plus en plus souvent. Aux ravitos, je prend de plus en plus mon temps, je mange salé, bretzels, gouda, pain et je bois coca pour raffermir mes ennuis gastriques encore présents tout à l'heure, d'ailleurs j'ai le postérieur un peu irrité ! Dans les ravitos, les bénévoles se relaient, merci à eux pour cette organisation sans pareil. Voilà le km70, il en reste trente et je vais de moins en moins vite et je marche de plus en plus. Je reste de plus en plus longtemps aux ravitos sur les chaises prévues à cet effet. Il y a des lits de camp, mais je vais essayer d'éviter de m'allonger. Les oiseaux commencent à chanter et on entend les premiers cocorico dans les petites fermes éparpillées. L'aube arrive avec les premières lueurs dans le ciel, les arbres qui commencent à se détacher dans cet horizon assez plat, il ne doit pas être loin de 5h00 du matin. Et de nouveau le bruit de fond d'un Eurostar qui réveille tout doucement cette campagne flamande. ça y est, il fait jour, j'arrive tant bien que mal à Steenwerck, il y a un peu d'animation dans la rue principale, il s'agit des coureurs du 100kms de jour qui vont bientôt partir à leur tour. Ce qui veut dire qu'il n'est pas loin de 6h00 du matin. J'arrive à la salle, il est 5h58 du matin et j'ai parcouru environ 81kms, je mange vite fait et je repars rapidement pour ce dernier tour.
Cinquième tour : J'ai décidé de ne pas m'appesantir à ce dernier arrêt pour essayer d'aller le plus loin possible avant que les premiers coureurs de jour ne me doublent, en sachant qu'ils démarrent à 6h00 du matin et qu'ils ont également la petite boucle de 4kms à faire. Je suis surpris car ils sont un peu mois de 50 coureurs de jour alors que nous étions seulement 169 dans la formule 24h00, ce qui explique ces moments de solitude dans la campagne. Finalement le premier me double vers le 85éme au ravito. Je continue en marchant presque tout le temps par moment. Ma tendinite est bien réveillée maintenant, ça me rappelle la fin de mon marathon de Rome en 2011 où j'avais souffert vers le 32éme KM. Je marche, je marche... Les coureurs de jours en me doublant ont des mots d'encouragement que je leur rends, il y a vraiment une fraternité entre coureurs (surtout d'ultra, ils savent tous ce que c'est de souffrir). Excusez moi de parler de ça, mais voilà maintenant que j'ai une hémorroïde qui a envie de se balader et qui me titille à l'arrière. Maintenant ça ne va plus du tout, j'arrive au 90éme km et pour résumer, j'ai le nez qui coule, je suis irrité au derrière, en même temps que quelquechose me titille à l'arrière, j'ai mal ma tendinite à la cheville qui est bien réveillée et maintenant j'ai mal au dos quand je marche ? Il fait plein jour maintenant, le soleil brille, la température remonte, les passages d' Eurostars sont redevenus fréquents ! Ma progression est de plus en plus lente, je m'arrête souvent pour m'étirer car j'ai vraiment mal au dos en marchant, c'est étrange et j'ai mal au pied en courant ! les 5 derniers kms seront des plus pénibles et je me dis qu'on ne m'y reprendra pas à refaire une folie pareille. Enfin, j'arrive à la salle sous une salve d'applaudissements à 9h35 soit 14h35 pour faire ces 100kms, j'ai l'impression que je suis le dernier de la course mais en fait je serai classé 86éme sur 170, j'ai le pied et le dos en vrac, me voilà aussi avec une hémorroïde à faire voir ! on me donne un beau maillot.
Après course : c'est bizarre mais j'avais peur d'avoir sommeil pendant cette nuit blanche et il n'en a rien été ? Finalement je mange un peu, je vais à l'arrière de ma voiture vers 10h00 et je m'assoupis jusque 14h30. Je me réveille, envoie quelques SMS et je pars prendre une douche en compagnie des premiers du 100kms de jour qui en ont fini, je vais manger un cornet de frite et boire une bonne bière de là-bas. Je retourne à la voiture vers 16h00 et je m'écroule à nouveau jusque 18h30. Finalement je retourne à la salle vers 19h00, c'est très convivial, ils appellent les podiums et ensuite tous les coureurs qui ont fait la distance sont invités à monter également sur le podium. Le soir, je ne reprends pas la route, après avoir remangé des frites, je vais dormir dans la salle du curé avec quelques autres participants sur des lits de camp mis à disposition. Le lendemain matin, on peut prendre une bonne douche et l'organisation offre un gros petit déjeuner aux quelques uns que nous sommes à être resté là. Ce fut une grosse expérience, je boite un peu à cause de ma tendinite, mais je suis surpris de ne pas avoir trop mal aux muscles des jambes, pas plus qu'après un marathon ?
Conclusion : Merci aux bénévoles de cette organisation, merci à vous qui venez de me lire et qui m'avez encouragé. Pour décrasser, je vais pousser jusque Dunkerque, histoire de visiter cette ville que je ne connais absolument pas, je vais aussi aller à Zuydcoote, ville frontière sur la côte juste avant la Belgique où a été tourné en 1964 le fameux film de guerre avec JP Belmondo "Weekend à Zuydcoote" et après cela, retour à Nancy pour m'occuper de mon Barbecue géant auquel j'ai convié tous les adhérents du JAC qui pourront venir samedi-soir.
Quelques photos piquées sur le site picasa de l'organisation :
Le grand tableau dans la salle sur lequel on voit les temps de passage
Avant le départ, il faut passer par le point Km.0 et mettre un ticket avec notre N° de dossard dans une urne, passer dans cette maison et attendre le départ derrière les grilles d'un parc
Chaque coureur qui finit ce 100km reçoit un écusson, lui, il en a déjà terminé plusieurs
La fameuse grille du parc, où les coureurs attendent les ordres du starters
une longue attente dans le parc
Libéré du parc, les coureurs attendent le départ, derrière, on voit la grille et le fameux Km.0
Dan en photographe au milieu du départ ...
Dan qui regarde si sa nouvelle montre s'est bien mise en route !
Dan qui se demande comment ça va finir ce truc de fou ...
Une des nombreuses voitures de l'organisation
Dan en course dans le premier tour, en plein boulot ...
De nombreux coureurs dans ce premier tour, beaucoup ne se sont inscrits que pour un tour ... Grande solitude ensuite dans la nuit
Les accompagnateurs vélo sont autorisés à partir du km06, ils attendent leur coureur respectif
un des quelques orchestres, je vous rassure dans la nuit, ils disparaîtront ...
Le départ des coureurs plus confirmés à 6h00 du matin, ils doivent le faire en moins de treize heures puisque toutes les courses s'achèvent à 19h00.
Le point massage dans la salle
un des quelques ravitos de nuit ... merci aux bénévoles pour leur patience !
un autre point ravito ...
Un croisement surveillé à l'aube !
Un orchestre dans un des points ravito
Le ravito qui se trouve à la salle de sport
Mon gros reportage photos à suivre bientôt...